L'annonce du décès de Monsieur Benjamin Normant dans la presse locale. Source : Bibliothèque Nationale de France, jo-216. L'Echo de la Sologne , journal hebdomadaire de l'arrondissement de Romorantin. Editions des 11 et 18 janvier 1920. Dimanche 11 janvier 1920 N° 2 « NECROLOGIE Monsieur Benjamin Normant, l’industriel si connu et estimé à Romorantin, est décédé le lundi 3 janvier dans sa 75e année, après une longue et douloureuse maladie. Nous n’avons pas à retracer sa vie toute de labeur ; Maire de Villeherviers, il a rendu à cette commune les plus grands services. Le cortège nombreux qui accompagnait le char funèbre affirmait la sympathie dont jouissait M. Normant. Plusieurs discours ont été prononcés au cimetière, le manque de place nous oblige à remettre à huitaine la publication. Nous prions la famille de bien vouloir accepter nos condoléances. Respectons les tombes : Au convoi de M. Benjamin Normant, il a été remarqué qu’au cimetière un grand nombre de personnes oubliant le lieu où elles se trouvaient, marchaient sur les tombes au risque de détériorer les couronnes et souvenirs qui y étaient déposés. Nous demandons au public de ne pas oublier le respect dû aux morts. » Dimanche 18 janvier 1920 N°3 « NECROLOGIE - M. Benjamin NORMANT Comme nous l’avions annoncé dans notre précédent numéro, nous reproduisons in-extenso les discours qui ont été prononcés aux obsèques de M. Benjamin Normant. Discours de M. le Maire de Villeherviers. MESDAMES, MESSIEURS, Monsieur Benjamin Normant, dont nous pleurons aujourd’hui la perte, fut l’un des grands bienfaiteurs de la commune de Villeherviers, et il m’a paru qu’en ma qualité de maire de cette commune, j’avais le devoir d’apporter sur sa tombe un pieux hommage de reconnaissance. M. Normant avait, en quelque sorte, adopté Villeherviers comme lieu d’élection, aussi bien y était-il entouré de la sympathie et j’ose dire de la vénération de tous les habitants. Elu Conseiller Municipal et Maire en 1871. Il a exercé ces fonctions jusqu’en 1911 sans interruption, c'est-à-dire, pendant quarante années. Malgré les grandes occupations que lui créait la direction de son importante usine de Romorantin, il se consacrait à ses devoirs de Maire de Villeherviers avec une conscience, une exactitude qui faisaient l’admiration de tous. Il était présent à toutes nos séances du Conseil Municipal, nous guidant de ses judicieux conseils, il venait régulièrement deux ou trois fois par semaine pour s’informer de ce qu’il avait à faire à la Mairie, traitait toutes les questions, même les plus insignifiantes en apparence, avec cette méthode, cette lucidité d’esprit qui formait le fond même de son caractère, et qu’avaient fortifiées sa longue expérience des affaires. Je n’en finirai pas des libéralités dont il a comblé notre petite commune ; je ne puis que citer au hasard de mes souvenirs : L’édification de la Mairie et des Écoles, la restauration de l’Église, pour lesquelles il fit avance des fonds, sans jamais consentir à revoir les intérêts, l’agrandissement, la construction des murs du cimetière, d’un lavoir, l’acquisition du jardin de l’École, d’une partie de notre place publique, la plantation d’arbres d’ornement, qu’il fit entièrement de ses deniers personnels. Mais son inépuisable générosité éclata particulièrement dans l’assistance aux déshérités de la fortune. Nous n’avions pas de bureau de bienfaisance, il se constitua à lui tout seul, le bureau de bienfaisance de la commune, et durant son administration, le paupérisme y fut à peu près inconnu. Tant de traits de bonté désintéressée avaient établi entre le Maire et les habitants un puissant courant d’affection, et je ne puis me rappeler sans une indicible émotion les adieux touchants que nous fit M. NORMANT lorsque sa santé, déjà ébranlée l’obligea à nous quitter ; la séparation fut pénible, tous avaient les larmes aux yeux. D’autres verront en M. Benjamin NORMANT, le grand industriel, le travailleur infatigable, le continuateur des fortes traditions paternelles, qui, sans jamais être découragé par les événements, a, par un labeur persévérant, assuré la fortune de tout un pays. Nous, habitants de Villeherviers, nous garderons pieusement sa mémoire, comme celle du plus grand de nos bienfaiteurs. Au nom de la commune de Villeherviers, je lui adresse un suprême adieu. Adieu, mon cher Monsieur NORMANT. Discours de M. Goujon, Trésorier de la Société de Secours mutuels de l’usine. MESDAMES, MESSIEURS, Avant que cette tombe se ferme, avant que pour toujours disparaisse celui qui, pendant de si longues années, présida nos réunions avec tant de justesse et de clairvoyance, qu’il me soit permis, au nom de la Société de Secours Mutuels de l’Usine, de lui adresser un dernier adieu. Monsieur Benjamin NORMANT ne fut pas seulement un grand chef d’usine, admiré pour la somme de labeur qu’il fournissait, il fut surtout un philanthrope accompli. Il apporta en toutes circonstances, au sein de nos réunions et pendant les années terribles que nous venons de traverser, une aide morale et matérielle qui nous permit, au milieu des pires difficultés de venir, dans d’assez larges mesures, au secours de nos sociétaires et de leurs familles. Nous inspirant de son exemple, nous promettons ici à M. Hippolyte NORMANT, qui possède déjà au plus haut point la confiance des mutualistes, de travailler, avec son concours généreux, au bonheur de cette classe ouvrière, que M. Benjamin NORMANT a tant aimé. Puisse l’hommage de notre sincère regret apporter à tous ceux à qui il était cher, un adoucissement de leur peine. A Madame NORMANT et ses enfants nous adressons en cette circonstance douloureuse, l’expression de nos plus sincères condoléances et à vous, Monsieur Benjamin NORMANT notre suprême adieu. Discours de M. Barot directeur des Services Chimiques. Au nom du personnel de l’usine, nous nous inclinons respectueusement devant cette tombe, en adressant un dernier adieu à notre cher et regretté Patron. Nous unissons notre douleur à celle de sa famille, et pleurons avec elle, la mort de cet homme de bien que fut M. B. NORMANT. Appelé à assumer seul la direction de son important établissement industriel, Monsieur NORMANT et montra toujours digne de cette mission et de la grande responsabilité qui lui fut dévolue. Personnalité industrielle de haute valeur, travailleur infatigable, il accomplit son devoir avec une grande modestie. Il apporta dans ses décisions dictées par des connaissances profondes, sur toutes choses, un tact et une correction qui lui valu l’estime générale, et sa vie restera un grand exemple pour tous. Il donna à son usine une extension incessante et la dirigeant toujours dans la voie du progrès, il en fit un des plus beaux fleurons de l’industrie textile française. Devant son œuvre sociale, Messieurs, inclinons nous bien bas, et soyons plein d’admiration pour cette vie remarquable. Que de bonté, que de dévouement il prodigua dans ses importantes fonctions, aimant ses ouvriers, vivant toujours parmi eux, les connaissant tous, plein de compassion et d’indulgence, restant leur conseiller et leur bienfaiteur, Monsieur NORMANT fut le père de son personnel et l’usine sa seconde famille. Voyez autour de sa tombe ces têtes vénérables, ces collaborateurs de plus de cinquante années de travail ; voyez leur tristesse en ce grand jour de deuil et vous apprécierez combien Monsieur NORMANT était aimé et respecté de tous ceux qui ont eu l’honneur d’appartenir à cette maison. Bien avant que les pouvoirs publics se soient occupés du sort des humbles, il avait réalisé dans son usine toutes les œuvres philanthropiques qu’il était humainement possible d’appliquer : Société de Secours Mutuel, Caisse de Retraite et d’assurances, dons généreux qu’il prodiguait à toute occasion. Par une organisation intérieure de l’usine, toute spéciale et à son honneur, il voulut que le travail fut réservé même aux plus faibles énergies, et ainsi, il n’abandonna jamais ses vieux serviteurs, leur épargna toujours le souci du lendemain, et son usine devint la maison de tous. Il su reconnaître l’effort que chacun apportait selon ses moyens, dans cette collaboration continuelle et nécessaire à la marche générale de son entreprise. Pendant sa longue carrière, il eut à résoudre des situations difficiles, inévitable à toute grande industrie ; tels que : crises commerciales, incendies, inondations, accidents divers. Stoïquement il supporta les conséquences souvent pénibles imposées par ces événements et évita toujours le chômage source de misère pour les ouvriers. Son personnel, dans un mouvement spontané de reconnaissance pour son grand dévouement, voulut solliciter pour lui une distinction honorifique bien méritée. Monsieur NORMANT fut très touché de cette remarque unanime de sympathie, remercia de tout cœur, mais écarta modestement cet honneur par ces simples mots : « Je n’ai fait que mon devoir ». Messieurs, toute la vie de Monsieur NORMANT se résume dans ses derniers mots. Souvenons-nous de ce grand exemple en accomplissant toujours notre devoir. Restons attachés à cette usine dont il fut l’âme jusqu’à la fin, et continuons à contribuer à son développement, sa prospérité ; ce sera la plus marque de reconnaissance à la mémoire de notre cher Patron, et une douce consolation pour sa famille en larmes à laquelle nous offrons l’hommage respectueux de notre douleur. »
Copyright Décembre 2010
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